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 Société (politique et civil)

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Draugaran

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MessageSujet: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyJeu 21 Mai - 11:47

Bourgeois : habitant du bourg qui, en ville, s’est édifié près du château. Il n’appartient ni à la chevalerie ni à l’aristocratie. Aussi peut-il être méprisé et considéré comme un vilain. Cependant l’hostilité envers la bourgeoisie ne va pas sans une certaine reconnaissance de ses mérites surtout économiques.

Connetable : issu de la titulature latine du bas empire (le comes stabuli est le comte de l’étable). Désigne d’abord l’officier chargé de l’écurie royale. Son rôle s’accroit lorsque la charge de sénéchal disparait. Plus tard devient véritable chef d’armée royale en l’absence ou à la place du roi.

Demoiselle : une des traductions possible du mot pucelle. Le terme pucelle renvoie à une jeune fille, de condition noble ou non, généralement non mariée. Celui de damoiselle porte les mêmes caractéristiques d’âge et de célibat mais marque positivement la noblesse sociale. Sans être mariées, beaucoup de demoiselles et de pucelles ont un ami.

Douaire : le douaire est constitué par des biens meubles et immeubles, donnés à l’épouse par son mari et qui lui reviennent en propre le jour ou elle devient veuve.

Jongleur : le jongleur est un personnage aux multiples visages. Il peut se confondre avec le menestrel (acrobate, amuseur, musicien), qui anime les fêtes romanesques. Il peut être plus qu’un simple saltimbanque (jongleur vient de joculator, sauteur, faiseur de tours), il est la voix qui porte les œuvres médiévales devant le public. Interprète de la chanson de geste, il est aussi conteur d’histoire et de textes. Il passe souvent pour un bavard inconséquent, voir un menteur (le terme de jongleur a été rapprocher le jangleur, « bavard », « menteur ».

Vassal : derivé de vasus « serviteur », désigne un homme engagé directement vis-à-vis d’un autre dans des liens de dépendance. La valorisation de ce service a été telle que le terme fini par impliquer aussi la qualité d’homme noble. En fin, la part du service armé étant capitale dans le service vassalique, le mot vassal a pu devenir synonyme de « preux », « hardi », « courageux ».

Vavasseur : vassal au second degré : il s’est engagé envers un seigneur qui est lui-même le vassal d’un autre. L’importance sociale du vavasseur est réduite, mais la littérature lui redonne une valeur tout à fait positive et déterminante.

Vilain : homme de la villa (domaine agricole) il a vu son image de paysans se déprécier par rapport à la figure de l’homme de cour ou courtois, le noble, le chevalier. L’adjectif vilain est un terme d’injure.
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Sarani
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMer 17 Juin - 14:00

Monnaie de référence :

Pièce d'or
Pièce d'argent
Sou

1 pièce d'argent = 100 sous
1 pièce d'or = 100 pièces d'argent

petite miche = 20 sous
miche familiale (5 personnes dessus) = 80 sous
une journée salaire moyen = 50 sous
taxes à la semaine = 15 sous par personne
un jambon = 1 pièce d'argent et 20 sous
des légumes = 70 sous
des fruits = 85 sous
une chope de bière 2 à 3 sous
un verre de vin 4 à 6 sous selon le vin

L’habillement de l’homme du commun couterait 18 sous pour son linge de corps, 12 pour ses chausses ou ses braies, 16 pour sa cape et son bonnet, 4 pour ses chaussures et ses gants, 12 en plus s’il porte une pelisse fourrée, au total environ 3 livres, le prix d’un cheval de labour ou d’un hectare de terre, alors que le salaire journalier d’un manœuvre au même moment atteindra au plus 6 deniers, soit 200 fois moins.

Tarifs de la prostitution :

Ce dernier apparaît partout très accessible, même aux plus humbles : il équivaut au quart, parfois au 6ème ou 8ème de la journée de travail du journalier ou du compagnon artisan. A Nuremberg le salaire d'un journalier est de 8 à 9 pfenning, celui du compagnon de 16 à 20, soit l'équivalent de 3 ou 4 passes pour le premier, et de 8 à 10 pour le second; soit encore le coût d'une livre de viande ou de fromage, ou d'un repas avec vin. A Tolède le service charnel minimum est de quatre à 8 fois inférieur u salaire quotidien.

Dans l'univers parallèle des filles secrètes, les maquerelles font payer la fraîcheur des corps et parfois une virginité, réelle ou factice. Elles demandent de 2 à 6 blancs pour des filles de 15 à 17 ans et bien davantage si elles ont moins de 15 ans. Ici le prix égale ou dépasse la valeur du salaire journalier du compagnon. Dans les étuves l'usager paie le cadre et la bonne chère, autant que la qualité des femmes qui y officient. A Dijon les compagnons laissaient à la maîtresse 3 à 4 gros (deux à trois journées de salaire) après une bonne soirée passée auprès de ses frotteuses.

Les filles communes publiques se plaignaient des unes et des autres "si nombreuses qu'a grand peine pouvaient elles gagner pour payer la maîtresse." Pourtant elles gagnaient en deux passes l'équivalent d'une journée de travail dans les vignes et il s'agissait du service le plus expéditif. La nuit coûtait bien davantage, 3 à 4 fois plus en général, et il existait pour les pensionnaires bien des façons de la rendre plus profitable.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptySam 12 Sep - 16:42

Domaine Impérial

Souverains:

Empereur /Impératrice: Sa Majesté Impériale
Prince/princesse d'Empire (enfants légitimes et légitimés du Saint Empereur romain) : Son Altesse Impériale
Ancien Prince/Princesse d'Empire (enfants légitimes et légitimés du Saint Empereur romain décédé) : Son Altesse Impériale

Rois:

Roi allemand : Sa Majesté Royale
Roi : Son Altesse Royale


Nobles Impériaux:

Duc/Duchesse : Son Altesse Sérénissime Ducale
Margrave/Margravine & Marquis/Marquise: Son Altesse Sérénissime/Sa Magnificence
Landgrave/Landgravine & Comte/Comtesse princier: Son Altesse Sérénissime
Prince/Princesse: Son Altesse Sérénissime
Palsgrave/Palsgravine: Son Altesse Sérénissime
Comte/Comtesse: Son Altesse Illustre [pour les comtes directs]; Haut Né [pour les autres comtes]
Burgrave/Burgravine & Viscomte/Viscomtesse: Haut Né
Seigneur/Dame & Baron/Baronne : Haut Bien Né
Chevalier: Haut Bien Né


Dignitaires impériaux :

Conseillers impériaux : Son Excellence
Membres de la maison impériale : Son Excellence
Ambassadeurs impériaux : Son Excellence


Nobles comtaux/ducaux :

Comte/Comtesse : Sa Grandeur
Duc/Duchesse : Sa Grâce
Vicomte/Vicomtesse : Monseigneur
Baron/Baronne : Baron/Baronne
Seigneur/Dame : Sire/Dame
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Draugaran

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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyJeu 17 Sep - 11:09

Femmes enceintes - Naissance - enfance.

En cas d'infertilité la mère est toujours blâmée. Ce n'est pas le contenue mais le contenant qui fait forcement défaut.

le moment de la conception détermine la qualité de la semence, et donc le sexe de l'enfant. Par rapport au repas, un coït prématuré donnera naissance à une fille, un coït tardif à un garçon. Quand on voit dans la rue un jeune efféminé, on se dit que si ses parents avaient œuvré un peu avant ils auraient affaire à une fille. Un gars rappelle quand à lui que si la semence mâle provient du testicule gauche et se dépose dans la partie droite de l'utérus, on aura affaire à une virago ; et si elle provient de la droite pour se déposer à gauche, il s'agira d'un fémineo. Un siècle plus tard un autre gars se fonde sur un calendrier précis : une conjonction réalisé entre un et cinq jours après les règles produira un mâle ; entre 5 et 8 jours une fille, entre 8 et 11 un mâle et du 11 jour à la fin du cycle un hermaphrodite.
si la femme est colorée et joyeuse, c'est un garçon, si elle est pâle et parait en mauvaise santé, c'est une fille. Si le ventre grossit davantage du côté droit c'est un garçon, gauche fille.

Après la naissance la mère est remontée à l'aide d'une nourriture abondante et de bonnes rasades de vin.

Cérémonie des relevailles : sorte de re-baptême qui ramène la mère dans la communauté des chrétiens après un mois pour les garçons, 2 pour les filles (comme si la naissance d'une fille souillait davantage). Manifestation d'allégresse au sein de la famille voir du village, puisque la femme peut engendrer de nouveau.

Les enfants morts nés sont rarement enterrés avec les baptisés. Lieu spécial ? sous le parvis d'une église ? sous le seuil de la maison paternelle écrasé par un moellon pour éviter que quelque démon ne s'en saisisse pour en faire un changelin du diable ? ou plus simplement jeté dans la rivière ?

Des jumeaux peuvent désigner une inconduite de la mère, voir que l'un des deux bébés est le double diabolique de l'autre ? probable infanticide vu le peu de jumeaux chez les aristocrates.
Un enfant né difforme ou taré est perçu comme la conséquence d'une intervention du diable ou d'une punition divine. Les changelins : il arrive que le diable substitue à un enfant un être démoniaque qui se reconnait à ses pleurs incessants et son extrème maigreur alors qu'il mange beaucoup.
"Je ne saurais omettre d'évoquer ces petits enfants que l'on nomme dans le peuple les changelins, et dont ne cessent de parler les vieilles femmes qui racontent qu'ils sont fils de démons incubes ; ceux-ci substituent aux enfants des femmes leurs propres enfants, afin que ces femmes les nourrissent comme les leurs. C'est pourquoi on les appelle changelins c'est à dire changés, comme échangés, ou substitués aux enfants accouchés par les femmes. On dit qu'ils sont maigres, qu'ils pleurent sans arrêt, et qu'ils sont avides de lait, au point que 4 nourrices ne pourraient en contenter un seul. Ils semblent demeurer avec leur nourrices durant quelques années, pour ensuite s'envoler ou plutôt s'évanouir."

Les premier vagissement du nourrisson inquiètent, embarrassent, voir insupportent. Ils sont souvent interprétés comme une manifestation diabolique. Il existe des recettes pour les faire taire : pavot. Faire passer l'enfant dans un tunnel de terre.

L'anormalité peut être aussi perçue comme une punition divine. Il est pour la mère comme pour l'entourage le signe évident du péché de ses parents qui doivent faire pénitence  en l'élevant.

Naissance multiple ; pères multiples.

Le nourrisson est nourrit au lait maternel (7 fois par jour), parce que tout autre alimentation mobiliserait la mère plus longtemps. Dès le 12ème siècle on trouve des remèdes pour tarir le lait et retrouver plus vite une activité.

Si la mère n'a plus de lait, on fait usage de nourrices non gravides (enceintes) et en excellente santé. Une femme dont les enfants sont morts, ou qui en allaite déjà (frères de lait). Le lait est censé transmettre les caractères physiques et moraux de celle qui le produit. Ce que la nourrice mange est important : laitue qui a son nom évoque la lactation, mets délicats (chevreaux, poulets,...) qui n'engendrent pas de mauvais sang. Interdit de l'ail et de l'oignon qui donne mauvais gout au lait, ainsi que la menthe et le basilic car il favorise la conception et le coit.

On donne du lait d'animal que lorsque l'on ne peux plus allaiter et trouver une nourrice. Lait de chèvre car il est le plus tempéré en sa substance après celui de la mère ou d'ânesse si l'on peut s'en procurer. On pense que le lait maternel est dérivé du sang menstruel et qu'il prolonge la vie intra-utérine.

Le sevrage se fait au bout de 18 mois, parfois plus pour les garçons. Ce qui donne un cycle de naissance tout les 18 mois environ. Le premier aliment est le miel qui est frotté sur le palais pour lui donner "l'appétit par la douceur". Il se fait en donnant du lait et de la bouillie (papin). Puis on donne des bouillies semi liquides dans lesquelles on mélange selon les cas du lait , de la farine, du miel et même du vin car il conforte les natures encore faibles. Ensuite vient le pain prémâché et enfin les viandes très cuites et "très coupées très menues". Papine à la fois petit pot et écuelle à bouillie.

Encis : meurtre par étouffement du bébé dans le lit des parents et fortuitement mort.

Dans les cimetières : 20% des morts sont des enfants de moins de 7 ans. Ils peuvent mourir entre temps de la variole, la rougeole, la scarlatine, la coqueluche, la fièvre intestinale, ...)

L'enfant est emmailloté étroitement, les bras le long du corps, parfois pied nus. Il est baigné jusqu'à 3 fois par jour, changé encore plus souvent. C'est un travail uniquement fait par les femmes. par contre, l'homme donne parfois la bouillie ou la tétine. Dès un an il l'aide à marcher à l'aide d'un trotteur. On ne laisse pas l'enfant évoluer a 4 pattes. Jouets : hochet, billes, poupées de cire, dinette, petites armées en bois, chevaux et soldats.

L'église recommande de ne pas trop interroger l'enfant ou même de le regarder avec trop d'insistance pour ne pas le gâter. Le père est chargé d'éclairer l'âme de l'enfant et de lui enseigner l'auctoritas, notamment celle de Dieu, la mère veille sur son corps et lui enseigne les rudiments de la vie.

Le régime alimentaire d'un enfant de roi :

1er repas : le déjeuné vers 7-8h : oeuf froid ou mollet ou pomme cuite avec du pain tendre pas chaud tirant sur le blanc.
2ème repas : dîner vers 10h du mat' : bouillie de chapon, veau, boeuf, poule ou purée avec verjus et safran, ou blanc manger d'amande ou coulis de poulaille ou de perdrix, d'écrevisse ou de perche.
Il faut habituer l'enfant à manger peu et à boire beaucoup, éviter le poisson sauf la sole et le rouget sans arrêtes. Au lever de table on peut donner un bout de poire ou une moitié de pomme cuite bien sucrée.
3ème repas : souper vers 18h : comme le diner en plus léger.
L'eau est bouillie pour éviter les maladies.
On donne des oeufs de volaille, de la viande de jeunes animaux (veaux, chevreaux, lapereaux, poussins), du sucre, du pain blanc conforme à sa nature tempérée chaude et humide. Le poisson froid et humide est dangereux, ainsi que les épices exagérément chaudes.
Au petit déj, l'enfant à droit à des douceurs qui sont un élément important dans l'alimentation et la pédagogie infantile : pour enseigner l'alphabet, la mère fait prononcer les lettres qu'elle donne ensuite en récompenses sous forme de gateaux confectionnés à leur image.


Dernière édition par Draugaran le Mar 29 Mar - 22:28, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyJeu 17 Déc - 11:59

Sécurité

Le droit de porter des armes est limité. Le fait de perpétrer de nuit des agressions constitue une circonstance aggravante. Il est recommandé de ne pas se déplacer après le couvre-feu sans raison valable. Les ordonnances de police demandent aux personnes qui sortent de se munir de torches et de chandelles, ce qui facilite leur identification et permet de les apercevoir de loin. Les patrouilles doivent arrêter ceux qui n'obéissent pas à ces règles.

Règlement de Troyes (15ème) : "quiconque, de quelque état qu'il soit, ne portera en ville couteaux, épées, dagues, ou bâton défendus, à peine de les perdre et de payer 10 sous d'amende, sinon les officiers royaux qui en ont seul le droit.
Rennes (1478) : défense aux habitants d'aller dans les rues de cette ville et dans les faubourgs après 9h du soir, sans clarté ni lumière. Il est également interdit à tous "gens mécaniques et manouvriers", et autres habitants, de porter de jour ou de nuit "dagues, épées, braquemarts , autres bâtons ou ferrements, autrement que pour tailler leur viande. A l'exception des gens de justice, des gentilhomme et de leurs serviteurs.

La législation contrôle les étrangers, demande aux aubergistes de noter leurs noms, de livrer à la justice les fauteurs de troubles, elle surveille en particulier ceux qui ne travaillent pas et qui lui inspirent une profonde méfiance.

Pendant révoltes (Lyon 1465): surveillance de nuit instaurée derrière les remparts : elle comporte le guet, gardes à pieds à certains endroits des remparts, l'eschargaite, gardes des rues, à pied ou à cheval, l'arrière guet qui passe à cheval par les rues de la ville et des faubourgs. Les armes de la milice urbaines sont passées en revue, car les lyonnais sont tenus de s'équiper à leurs frais. Les consuls font en sorte que des étrangers à la ville ne se mêlent pas de la défense armée.

Bordels et étuves :

Auberges et tavernes lieux de haute tensions collectives; concentrés de frustration, de rage, de rancoeurs, d'antagonismes entre hommes d'origines et de conditions différentes qui, dans la salle du bordel comme à la table de la taverne, boivent, soldent leurs comptes, préparent leurs coups, vendent ou échangent des femmes, se défient au couteau et font couler le sang. Toute tragédie du coin de la rue étant immédiatement répercuté et réinterprété dans le petit univers du métier, ce sombre théatre contribue à entretenir dans le quartier un climat délétère de suspicions et de ressentiments.

Il est question davantage des rues et des tavernes, que des bordels eux même. Ils ont affaire en outre à une population ouvertement caractérisée par l'importance du ruffianage, ainsi qu'à un ensemble immobilier qui se distinguait mal de son environnement urbain, et se révélaient donc difficilement contrôlable. Les bonnes carrières et grandes maisons se présentaient différemment. Leurs territoires, bien délimités, se trouvaient placés sous la sauvegarde du prince ou du seigneur urbain, et cette sauvegarde était clairement exprimée par la bannière qui flottait sur le batiment, ou par le blason urbain accompagné parfois d'une devise, inscrite sur le linteau.
Témoins plus expressifs de la rigueur de la lois : le gibet qui se dresse devant la porte de la bonne carrière de Valence ; les piloris érigés non loin des lieux.

Enfin et surtout la réglementation municipale, extrèmement pointilleuse en matière de maintien de l'ordre. Ordonnance et serment y insistent : abbé et abbesses doivent, si besoin est avec l'aide des sergents de la justice ou les hommes du guet, faire respecter la discipline et signaler les suspects. Les tenanciers bénéficient à ce titre du droit de port d'arme. Ils disposent parfois d'aides armées. Parfois les peines sont doublées pour tous les délits commis à l'intérieur de l'enceinte. Il arrive que l'individu entrant doive tout d'abord abandonner ses armes, et, le cas échéant, ses bijoux et sa bourse, entre les mains du gardien qui les lui restitue lors de son départ. Le client peut certes conserver son argent mais, s'il y a vol, le tenancier n'est pas tenu pour responsable. Dans quelques cas aussi, l'abbesse ou son compagnon sont libre de refuser des individus qui, par leur allure, leur physique (s'ils portent par exemple sur leur visage les traces d'une sanction judiciaire) ou bien leur fama font partie de ces ribauds potentiellement dangereux que la municipalité ordonne d'éloigner, mais qui, bien entendu, ne le sont pas toujours.

Les tenanciers et leurs serviteurs ont moins de soucis avec les femmes sur lesquelles ils exercent une autorité parfois rude, et le plus souvent "naturelle". Leur droit à la correction est variable. Ils peuvent ne pas avoir le droit de frapper. Ou d'infliger des coups aux filles et aux servantes mais sans faire couler le sang ou entrainer des incapacités. Il peut parfois mettre les rebelles aux fers, au pain et à l'eau, quand elles ont été impliquées dans une bagarre.

Il s'agit de contenir les pratiques ou les comportements qui inévitablement ou presque provoquent des rixes. Objectif ? veiller à ne pas faire du lupanar un tripot, du moins en permanence car le jeu de hasard collait trop à la peau des contemporains pour qu'il ait pu être exclu de la salle commune. Tout au plus pouvait on faire respecter quelques règles : l'interdiction de jouer avec les filles, d'engager des sommes trop fortes et de jurer en jouant. Veiller également à ne pas laisser impuni le blasphème, ce terrible pêché, commis en tout les lieux ou l'on buvait et où l'on tentait le sort. Avec les irréductibles, les récidivistes, restait le moyen le plus efficace : l'expulsion, temporaire ou totale.

Délits typiques : les bagarres : clients agressant les filles pour voler leur argent, "chaudes colles" le plus souvent provoquées par des clients impatients qui veulent en déloger d'autres, ou bien par des jaloux, l'un accusant un comparse d'avoir rudoyé une fille amoureuse de lui. Leur agressivité peut se retourner contre le tenancier lorsqu'il accepte des gages en paiement de dépenses de bouches et de lits et que l'accord ne se fait pas sur les modalités des restitutions.
Les grandes bagarres ont d'autres racines : la coexistence ne se révèle pas toujours paisible entre hommes d'appartenances sociales et de cultures éloignés, surtout lorsqu'ils arrivent en groupe. De tels incidents restent malgré tout assez rares et participent d'un climat que l'on retrouve dans bien des lieux publics (comme les hôpitaux). Ils comptent au total bien moins que les insultes, les crépages de chignon ou les larcins commis par les prostituées ou par les clients.

Le tableau est plus sombre dans le voisinage ; les confrontations se concluent le plus souvent hors du lieu de sauvegarde, dans la rue où se déroulent les affrontements à coups de dague. On comment des actes dans la maison du tenancier que l'on ne commettrait pas au bordel.


Dernière édition par Draugaran le Mer 23 Mar - 23:52, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMer 16 Mar - 23:27

Religieux et sexualité :

Dès le 11ème siècle les réformateurs avaient contraints les clercs séculiers au célibat et à la continence. Pour des raisons doctrinales, mais aussi terre à terre ; afin de les hausser par rapport aux laics, de protéger le sacré de toutes souillures et de sauvegarder ainsi la qualité des biens spirituels qu'ils avaient charges de dispenser. Mais les grégoriens avaient voulus aussi, par ce moyen, disposer d'hommes totalement dévoués à leur sacerdoce; et empêcher toute patrimonialisation des biens de l'église. Implicitement, la hiérarchie accepte de tolérer la fornication cléricale aussi longtemps qu'elle demeure discrète.

A Dijon 20% de la clientèle des étuves et des bordelages sont des éclésiastiques (régulier, séculier, moines, chanoines, prêtres, dignitaires). Dans d'autres villes, ils sont interdits de nuit, voir totalement, mais rare, et tolérance de fait.

Un jour une femme s'est plainte que son mari ne s'acquitte pas de sa dette conjugale, réponse de l'évêque : "tu veux que ton mari retrouve ses ardeurs ? je vais en faire un prêtre. Dès qu'un homme est prêtre, il brûle" 15ème siècle empereur : "il est vain
d'interdire aux prêtres de se marier, sur mille à peine s'en trouve t'il un de continent" "les vieux repoussèrent ce qui n'avait plus de charme pour eux, les moines liés par leur voeu de chasteté refusèrent aux prêtres un privilège qui leur avait été interdit. La majorité décida que le temps n'était pas mûr pour un tel changement. Ils craignaient que le choc fut trop grand pour le préjugé populaire"

Jeunesse et sexualité :

Les jeunes : leur confrérie joyeuse, plus ou moins contrôlé ar la ville, savait en ce sens encadrer leurs actions. Au 14 et 15ème siècle les joyeux hommes des abbayes veillent jalousement sur la morale conjugale et en sanctionnent les écarts, par la dérision (charivari), la violence, et plus souvent, l'amende. Ils prétendent veiller sur la vertu des filles, mais identifient la leur à une pleine liberté. Liberté de châtier, au besoin par le viol, la femme  jugée "galloise" ou trop indépendantes; liberté surtout de forniquer avec les "fillettes" entretenues pour leurs "dessertes" ou avec les servantes d'étuves, plus coûteuses mais si fraîches.
Les "bon jeunes fils", les "paisibles compagnons", se doivent d'aller s'ébattre, seuls ou en groupe, afin de montrer à l'entourage leur "maturité" virile. Les mecanici (entendons apprentis et compagnons d'artisanat) ont selon les prédicateurs coutume d'aller en groupe, le dimanche, au lupanar et d'inciter leurs amis à les accompagner.  "celui qui se refuse à pousser les autres à leur perte passe pour un pauvre type, inerte et impuissant" dit nicolas de clamanges. A montpellier l'étudiant nouvellement admis dans sa "nation" est conduit par son ancien à la rencontre intégratrice. La "jeunesse folyeuse" va donc, dans la chaleur de l'âge, chercher "ribaude compagnie charnelle" et s'"esbattre avec les filles joyeuses" afin d'y faire son plaisir "ainsi que compagnons vont de jour et de nuit" sans inquiétude pour un pécher "naturel" (et donc véniel) dont jésus à les entendre ne se courrouçait pas.

Les citadins les plus honorables ne cherchent pas à voiler leurs désirs; les tournois patriciens ont parfois pour prix une "belle femme" que le vainqueur aura la satisfaction de savourer à loisir; elle est choisie pour cela. En 1450 le receveur de la ville de Strasbourg fait très officiellement supporter à la communauté le coût de ses fréquentations vénales. D'autres villes offrent à la suite impériale hospitalité et services afférents dans les bordels municipaux.

Prédicateurs et sexualité :

Qu'un événement dramatique survienne en une phase de misère, et les citadins voyaient arriver en leurs murs des personnalités charismatiques, théâtrales, prophétiques, très doctes maîtres et aventuriers du verbe qui annonçaient au peuple la fin prochaine des temps afin de mieux convertir aux pénitences extrêmes. Ils faisaient ici et là apparaître dans leur sillage des pénitents qui le fouet à la main, pensaient que l'offrande de leur sang apaiserait le courroux divin. En ces jours d'exaltation la répression des vices devenaient une affaire publique et la "dictature éphémère de la parole sacrée" contraignait les autorités de la ville à tout remettre en ordre. Mais sitôt le saint homme éloigné et les cendres des bûchers refroidis, les pieuses promesses étaient oubliées et la vie continuait comme avant.

Tous les prédicateurs doivent expliquer que contrairement à ce que beaucoup pensent, la luxure n'est pas licite, qu'elle entraîne beaucoup de maux, qu'elle amoindrit les forces de l'homme et abrège ses jours; mais toujours les attaques portent sur une multiplicité de cas allant de la fornication simple à la bestialité en passant par le stupre, l'adultère, le sacrilège, l'inceste, la sodomie... Dont les caractères peccamineux et les effets sociaux atteignent le tréfonds de l'horreur. Autrement dit à la fin du sermon, l'auditeur peut retenir que la luxure est dangereuse, mais bien plus pour la femme que pour l'homme, que pour les clercs que pour les laïques, qu'elle ne constitue pas le plus grave péril (dieu la jugeant moins sévèrement que l'orgueil ou l'avarice) et qu'elle est au surplus excusable si l'homme n'en abuse pas ou s'il est encore en age de jeunesse.
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Draugaran

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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyDim 20 Mar - 11:00

Ribauds :

Les ribauds : sans être nécessairement délinquants ils réunissent les plus hautes potentialité criminelle et jouent jusqu'à leurs chemises, ce pourquoi l'on s'emploie à les décrire demi-nus, vivant en tavernes, quand ils ne suivent pas les armées et ne font pas leur ordinaire des produits du pillage. Car telle est leur origine et leur épisodique base de repli : l'armée, dans laquelle ils servent au dernier rang de piétaille, en tant que porteurs, maraudeurs, en compagnie des femmes, leurs protégées peut-être, leurs compagnes parfois, tout aussi vagabondes et irrégulières qu'eux, et que l'on ne tarda pas à qualifier de ribaudes car vivant "sur le bonhomme", de vols et de rapines autant que de leur corps.
Les souteneurs, lenones et ruffians, sont d'une autre nature, plus âprement dénoncés que le sous-prolétariat des ribauds , ce sont des vendeurs de chair vive, des agents actifs de la contamination, faux séducteurs, et socialement dangereux : pour leurs pauvres victimes directes, qu'ils incitent au péché, pour l'offre qu'ils proposent aux éventuels clients, pour les périls qu'ils font peser sur les femmes et les filles honnêtes qu'ils peuvent détourner de la voie droite et plonger dans la honte. On veut généralement les écarter du bordel public puisque les filles du lieu doivent "être communes à tous".
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMar 22 Mar - 23:01

Les violences et viols dans la ville :

Beaucoup de femmes semblant se présenter librement à un tenancier d'étuves ou de prostibulum n'avaient en réalité que cette unique possibilité si elles voulaient demeurer dans la ville après avoir perdu leur honneur. A dijon une vingtaine de viols publics étaient commis par an, collectifs à 80%
Le soir, des groupes forts de 2 à 15 individus, après avoir choisi leur victime et préparé leur coup, forçaient la demeure d'une femme et, à visage découvert, faisant alterner brutalité et invites, violaient sur place leur proie, ou bien l’entraînaient par les rues jusqu'à une maison complice, où ils en faisaient à leur plaisir, toute la nuit. 4 fois sur 5 également, les voisins terrorisés laissaient faire. Les auteurs de ses forfaits, pour la plupart identifiés, étaient des fils ou des valets d'artisans, et des manouvriers, des compagnons à marier, âgés pour la moitié de 18 à 24 ans. Ces viols, à raison d'un ou deux par ans par mois, entretenaient une atmosphère d'insécurité dans certains groupes de la population féminine. Les échevins ne s'en préoccupaient guère. Pour eux la violence sexuelle semblait être un aspect normal, permanent et inévitable de la vie urbaine.
Dans les groupes de jeunes mâles qui troublent les nuits dijonnaises, les participants sont majoritairement des égaux, de profession voisines, et d'un même statut social. Leur groupe s'est formé au coin de la rue. Les agresseurs, pour qui une fille ne peut être que pure ou publique, acquièrent au sein de la bande et par la brutalité, la reconnaissance de leur masculinité. La violence sexuelle procède tout à la fois de frustrations personnelles et de la morale ayant cours. Par le viol on marque la jeune veuve ou la fille à marier en la faisant déchoir. L'agression est commise sur la servante maîtresse d'un compagnon nanti, sur la concubine de prêtre, sur l'épouse temporairement laissée qui, précise-t-on, doit "faire plaisir aux compagnons" ; en bref, sur toute jeune femme dont on soupçonne l'honnêteté.

Les victimes des viols collectifs, âgées de 15 à 33 ans, donc en âge de mariage ou de remariage, appartiennent aux couches les plus démunies de la société urbaines : elles sont servantes, filles ou épouses de manouvriers ou de salariés du textile. Leurs solidarités sont fragiles, leur honnêteté plus que discutable aux yeux des honorables. Enfin les agresseurs orientés, parfois, par certaines maquerelles aux aguets de conduites pour elles prometteuses, s'en prennent avant tout à des isolées, des faibles, qui, en dehors des servantes et des chambrières, sont célibataires affirmées, demeurent trop longtemps veuves, et se retrouvent donc, dans une société où la morale dominante exalte la conjugalité, suspectes ou méprisées. Peu protégée également. Les violences de ce type se perpétuent par ce qu'elles sont malaisément perceptibles et médiocrement réprimées.

Les comportements amoureux font couramment s’entremêler courtoisie, douceur et brutalité. L'accomplissement érotique se conforme à des modèles amplement diffusés, opposant les pudiques résistances féminines aux virilisme dominateur. L'amour, même consenti par la compagne, doit demeurer une conquête. Les auteurs de romans et de nouvelles ont tendance, lorsqu'ils décrivent des scènes de viols, à privilégier le désir masculin, à introduire dans l'action des éléments joyeux voire humoristiques, mais à passer sous silence les douleurs de la victime. Le mot de rapt entretient l'amalgame entre le vol et viol. Distinction est faite entre le rapt de violence acte pensé comme un détournement, et rapt de séduction commis par ruse et accompagné de promesses (fiançailles,...). Ce dernier semble plus condamnable que le précédent.

Dans le cadre d'une justice dont la procédure est le plus souvent accusatoire, les victimes, peu soucieuses d'exposer publiquement leur honte hésitent ou renoncent à porter plainte. Les autorités urbaines ne s'émeuvent pas de telles agressions, sauf si elles sont commises sur des filles ou des femmes d'état. A gand au milieu du 13ème l'enlèvement du fille de bonne famille coûte 60 livres et un bannissement de trois ans. Celui d'une fille pauvre dont le ravisseur ne fait pas son épouse mais sa concubine n'est pratiquement pas punis. Lorsque la femme est un bien de la société masculine, l'affaire est d'une tout autre importance, le droit entend la protéger d'un viol qui relève avant tout de l'usurpation de propriété. Le crime compromet la valeur mercantile des damoiselles, ou sociale des dames ou des veuves en qui repose l'honneur d'une parentèle. Celui d'une femme dépourvue de lien social n’intéresse pas le législateur.
En cas de viol sans témoin, le droit criminel ne pose qu'une seule condition à la crédibilité de la victime : une fama sans tache, impossible pour une femme seule. D'ailleurs les plaintives célibataires, veuves, ou même épouses de moindre état ne sont elles pas coupables ? à preuve certaines victimes, suite à un viol, enfante, or les médecins, pour la plupart, pensent qu'une femme ne peut pas concevoir si elle n'a pas consenti au rapport, joui, et uni sa semence à celle de l'agresseur.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMar 22 Mar - 23:12

Les femmes vues par les hommes :

On sait que la civilisation chrétienne médiévale à imposée l'image de la femme tentatrice et corruptrice. Ni luther ni calvin ne remettent en cause la sujetion de l'épouse à l'époux, car la faiblesse de la nature féminine_seule cette dernière doit ici nous retenir_ leur inspire les mêmes soupçons qu'aux catholiques. Et pour cause; les ouvrages savants véhiculent depuis plusieurs siècles d'inquiétantes théories.

Pour les médecins, la nature, qui a fait la femme pour enfanter et pour allaiter, l'a placée sous la dépendance absolue de la génitalité instinctive. Plus animale que l'homme, plus faible que lui, physiquement fragile, elle est naturellement portée à l'instabilité, car froide et humide or "froideur et humidité sont qualités qui nuisent à la partie raisonnable". Plus dépendante que les hommes de leur sensualité débordante, de leurs pulsions génitales, moins capables de les dominer, les femmes ne disposent pas des mêmes moyens que les mâles pour canaliser leur énergie. Les lois de la nature pèsent tyranniquement sur elles. êtres chroniquement maladifs _ la frustration de leur désir déclenche chez elles l'hystérie_ les effets psychologiques de leurs humeurs les font échapper au contrôle des émotions et les rendent instables et imprévisibles.

Les stéréotypes malveillants de l'éternel féminin procèdent de ces présupposés médicaux que les clercs du premier moyen age reprennent à satiété. Les femmes sont beaucoup plus lubriques que les hommes. Elles ont toujours leur heure. La chasteté, du seul fait de leur physiologie, leur est rendue plus difficile qu'aux hommes et elle n'en est que plus méritoire. En somme une femme est meretrix parce qu'elle est luxurieuse, et sa nature ne peut l'en dispenser.

Toutefois au 12ème et 13ème siècle dejà les canonistes et les théologiens avaient découverts que les prostituées n'étaient pas toutes les mêmes. On reconnais que l'état de la prostituée ne procède pas seulement de la faiblesse du sexe, mais de facteurs externes à la personne. On ne nait pas prostituée, on le devient. Dès lors, on en vient à distinguer facilement, dans les causes de la prostitution, entre l'emprise de la nécessité, l'aiguillon et la cupidité, et la dépravation pure et simple.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMar 29 Mar - 18:42

Homosexualité et sodomie :

Au moyen âge les sodomites incluent : les hommes qui de masturbent, qui jettent leur semence à terre, qui pratique le coït anal, la femme fellatrice, l'homo actif ou passif et la lesbienne. L'homosexualité n'est jamais clairement distingué.

Les autorités civiles se préoccupent assez peu de la choses (plus pour l'inceste). Au temps de l'innocence les corps rappelait l'androgynie des anges, certains clercs pensaient aussi que la résurrection des corps effacerait la différence des sexes. Enfin une réflexion sur le masculin et le féminin à partir de la pensée de saint Augustin aboutissait à reconnaître en toute créature la coexistence d'un principe mâle et d'un principe femelle. Dans ce contexte il y avait une place pour une certaine largeur d'esprit envers les hommes efféminés

Proclamation idéologique : l'homosexualité n'est pas considérée comme une maladie, ni comme un défaut de tempérament (homme efféminé, virago). Les comportements homo procèdent d'une corruption de l'âme. Les médecins n'y trouvent aucun substrat corporel ; mais par ailleurs ils enseignent que le moment de la conception détermine la qualité de la semence, et donc le sexe de l'enfant.

La sodomie homo est jugée grave pour les hommes de plus de 20 ans, moins grave pour les ados. "A l'époque où l'on brûlait les lépreux, je demeurais à Toulouse. Un jour, je fis la chose avec une prostituée et, après la perpétration de ce péché, mon visage commença a enfler. J'ai bien cru alors, terrifié, que j'étais devenu lépreux ; du coup, j'ai juré qu'à l'avenir je ne coucherai plus avec une femme. Pour rester fidèle à ce serment, je me suis mis à abuser des jeunes garçons"

Dans les siete partidas, ces enfants jeunes, de moins de 14 ans, ne sont passibles d'aucune condamnation, car leur identité sexuelle ne semble pas encore parfaite. A Venise le passif est normalement relâché après paiement d'une amende légère, ou sans aucune pénalité. L'actif est habituellement exécuté. Car, vieille tradition, les ados qui ne sont pas majeurs (14 ans) ne peuvent être poursuivit même pour meurtre. Les pères de la république considèrent que l'actif est l'initiateur du méfait et que le passif s'est simplement soumis. Sévérité des peines en cas de viol homo, la victimisation d'un mâle même s'il s'agit d'un enfant semblant sans doute plus grave que celle d'une femme. Le rôle passif est tenu par l'ado généralement âge de 12 à 18 ans est féminin et déshonorant. Le sodomisateur corrompt, déprave, pollue. Le garçon, lui, est souillé. Distinction est faite entre la personne qui commet le crime, et la victime qui a souffert (veut on croire) du crime perpétré. La sodomie est vue comme un mal infligé à quelqu'un dont la soumission stigmatise. Toutefois, le rôle passif tenu lors de l'adolescence (apparemment commun) est considéré comme un comportement temporaire sur le chemin de l'age adulte.

Les sodomites qui persistent dans leur pratique après 18 ans peuvent abandonner le rôle passif pour devenir "épéiste", ceux qui continuent à se laisser sodomiser passent pour ridicules et son susceptibles d'être durement punis
en Italie les prostitués mâles sont dit vulgairement cagna ou cagniuola ou plus cruellement encore cagna in gestra : chiennes en chaleur
Même principe que pour les femmes niveau prostitution : rencontres en début de soirée entre fin du travail et couvre feux, du côté des tavernes, bordels, bains...Rituels de racolage pareils. Les églises, cathédrales, écoles de danse, d'escrime, tavernes, sont visées par des mesures de contrôle.
Lieu de côtoiement plus discret : les ateliers.

Rolandino Ronchaia : vénitien du 15ème siècle qui probablement à cause d'un déséquilibre hormonal paraissait plus féminin que viril, mais avait été socialisé en tant que mal même s'il possédait des seins et une allure propre à l'autre sexe. Il se maria mais son union fut un échec. Les signoris pensaient qu'il n'avait jamais eu d'érection. Sa femme le quitta probablement à cause de cette impuissance et mourut peu après. Rolandino part alors à Padoue ou il y vit avec un parent et a des relations sexuelles avec un hôte de cet homme. Il devient alors Rolandina et retourne à Venise en tant que femme. Rolandina travaille en prostituée autour du Rialto et à des relations avec un très grand nombre d'hommes. Il prétend que sa pratique a été accomplie sans que les partenaires se doute qu'elle était un homme. Découvert par les signori, il est condamné à mort

on accusait certaines prostituées de "tenir des écoles de sodomie" d'hommes et de femmes, tandis que d'autres sont bien connues et recherchées pour ce qu'elles offrent. Moulées en justaucorps et hauts de chausse elles suggèrent très concrètement à leurs admirateurs et amants ce dont elles disposent, ce qu'elles proposent et ce qu'elles acceptent de faire.


Les perturbateurs de l’ordre moral.
Hérésies, sorcellerie, transgressions sexuelles et autre « orde luxure » sont couramment amalgamées dans les dénonciations des actes conciliaires, dans les sermons des prédicateurs ou dans les ordonnances royales. Une forme de translatio heresis est présentée en ces termes par Henri de Clairvaux : « Il a surgi des cendres des Sodomites, le ver de l’antique luxure ; émergeant du lac de la damnation après les pluies de feu et de soufre, il a infecté les régions occidentales des souffles de sa puanteur ». Dans beaucoup de seigneuries, presque la moitié de mises à mort sanctionnent des transgressions sexuelles. C’est l’image mentale de l’autre, de l’isolé, de celui qui n’entre pas dans le moule social, qui importe dans ce paragraphe. Des individus, accusés ou seulement soupçonnés de se livrer à des actes contre nature, d’avoir entre eux des rapports anormaux risquent à la fin du MA le bûcher pour non-conformisme sexuel. On évite ou on ignore le mot homosexualité, remplacé par d’autres termes qui deviennent vite des injures. Traiter, dans une dispute, quelqu’un de bougre désignant à la fois un hérétique, un sodomite et un zoophile, peut avoir pour la victime, d’atroces conséquences dans un monde d’intolérances et d’invectives.

Si la phobie des déviances sexuelles regroupées sous l’appellation de lubricité, n’est pas récente, la méfiance et l’hostilité à l’égard des accusés se sont aggravées. Le concile eucuménique de latran en 1179 désigne, pour la 1er fois, le péché mortel, passible d’excommunication et d’exclusion de la communauté des fidèles : « quiconque aura été reconnu coupable de s’adonner à l’incontinence contre nature qui a provoqué la colère de Dieu sur ses fils de rébellion et consumé cinq villes dans le feu sera, s’il est clerc, expulsé du clergé ou relégué dans un monastère pour y faire sa pénitence, s’il est laïc, excommunié et totalement retranché de la communauté des fidèles.»

Le châtiment est devenu plus rigoureux aux 12 et 13ème siècle dans la coutume d’Anjou et de Touraine. Le fouet, la castration, au pire la peine de mort par le feu sanctionnent « l’horrible atrocité » qui assimile son auteur aux pires ennemis du chrétien, aux Musulmans. Les prédicateurs considèrent les «infects du crime de sodomie » comme des êtres pernicieux, coupable de désordres moraux par leurs agissements contre nature. Si la prostituée est tolérée dans la mesure où elle contribue à assurer la paix sociale et celle des ménage, les gîtons n’ont pas la même utilité publique et sont poursuivis au titre d’homosexuels et de pédérastes, à moins que l’existence des bordels masculins soit murmurée dans des lieux réputés (Venise).

Malgré la répression des sodomites qui s’intensifie, les risques encourus ne sont pas partout les mêmes. L’origine sociale à une incidence sur la rigueur de la peine et les gens de bas étage risquent davantage que les hauts placés dans la hiérarchie sociale… à moins que ces derniers, les Templiers par exemple, ne soient chargés par vengeance ou pour des raisons politiques. Des fils de bonne famille, des notables, des prêtres homosexuels, prêts à souiller leur église, s’en tirent à meilleur compte qu’un pauvre hère. La sanction se limite à une flagellation publique, à une amende à peine plus lourde que celle qui frappe l’adultère et le concubinage ou le bannissement qui n’exclue pas un retour au bout de quelques mois et une reprise des activités antérieures.


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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMar 29 Mar - 22:22

Les enfants

Education : les enfants de paysans apprennent par l'oralité par le prêtre et les parents . Les psautier sont très cher et les enfants sont rapidement mis au travail soit à la maison, soit sur la réserve seigneuriale, ou dans l'atelier manorial. La plupart des adultes sont analphabètes.
filles nobles : elles apprennent à lire et a filer la quenouille, parfois à écrire.
Manuel de Dhuoda : "constatant que la plupart des femmes ont en ce monde la joie de vivre avec leurs enfants et me voyant, moi Dhuoda, ô mon fils Guillaume, séparée et éloignée de toi _ et par là comme angoissée et toute animée du désir de te rendre service_ je t'envoie cet opuscule, transcrit en mon nom, à lire comme modèle pour ta formation. Je serais heureuse si, en mon absence, ce livre par sa présence pouvait te remettre en esprit lorsque tu liras, ce que tu dois faire par amour pour moi."

Ecoles : paroissiales et épiscopales : écoles presbytérales :ouvertes aux jeunes laïcs, ceux qui veulent quitter l'école avant leur passage dans les ordres majeurs le peuvent. Le corps enseignant est composé de clercs. Le capitulaire de Charlemagne dit que les prêtres sont conviés à enseigner aux enfants, serfs et libres, la lecture, l'écriture, le calcul et le chant.
A partir du 11ème siècle les écoles se multiplient surtout sous l'impulsion de marchands qui cherchent une formation élémentaire (lire écrire et calculer) pour leurs fils afin qu'ils reprennent la succession de la société familiale.
Les écoliers apprennent à écrire avec un stylet en os ou en argent sur des tablettes d'ivoire ou de bois recouvertes de cuir ou de cire, sur des écorces ou des parchemins (rares et chers). Puis l'écolier apprends à compter à l'aide de jetons.
L'école épiscopales, quand à elle, est installée dans les bâtiments de l'évêché ou dans le cloître, est dirigée par un chanoine spécialisé;l'enfant y entre vers 9-10 ans, il est tonsuré, et reste jusqu'à 15 ans environ, âge auquel il doit faire un choix entre la vie laïque et les vœux mineurs. Il arrive souvent que des familles aristocratiques (puis plus tard, les familles de marchands) confient pour un temps leurs enfants aux moines pour qu'ils prennent en charge leur instruction.

Pédagogie : "qu'ils marchent pieds nus ; habituez les aux durs travaux et fortifiez leurs corps afin que, si le besoin s'en fait sentir, ils se contentent de peu. qu'ils dorment, au moins une fois par semaine, tout habillés et la fenêtre ouverte, et habituez-les aussi à jeûner. En bref, traitez les comme les enfants d'un manant. Peut importe comment vous nourrissez une fille, pourvu qu'elle reste en vie. Elle n'a pas besoin d'être grasse..." Extremiste, pas suivit par la population qui chérit ses enfants.

à la fin du 11ème siècle, un abbé particulièrement sévère et brutal se plaint à saint Anselme des enfants élevés dans le cloitre. Il leur reproche d'être "pervertis et incorrigibles" alors qu'ils sont fouettés jour et nuit. Saint Anselme essaie de lui prouver que ses méthodes n'ont aucune efficacité : "C'est parce qu'ils ne sentent en vous aucun amour, aucune pitié, aucune bienveillance ou douceur, parce qu'ils n'espèrent pas voir venir de vous quelque chose de bon mais qu'ils croient que tout ce que vous faites est provoqué par la haine et la colère. Et il arrive malheureusement que lorsqu'ils grandissent la haine et la défiance grandissent en eux et qu'ils soient à jamais tournés vers les vices.

au milieu du 8ème siècle Paul Diacre écrit que "le maitre doit agir modérément envers les enfants et ne pas trop les fouetter, car aorès le fouet et la punition, ils reviennent bien vite à leurs sotisses. Vers 1025 Egbert de liege aussi s'insurge lorsque : "Des maitres stupides veulent que les élèves sachent ce qu'ils n'ont pas appris; l'esprit se nourrit de l'intérieur et le fouet n'est d'aucun secours pour lui... Ce malheureux petit que vous accablez de coups, il s'en va aussi peu formé que lorsqu'il est venu."

Les enfants martyrs : enlèvement d'enfants par des mendiants qui les mutilent pour les faire mendier et appitoyer le chalands. D'autres enlèvent des bébés non baptisés pour les restituer contre rançon.

Les enfants nobles : la gymnastique semble avoir été très pratiquée par les jeunes garçons nobles. Ils s'entrainent à faire le poirier, à se contorsionner pour apprendre à se débarrasser des liens qui leurs ligotent les poignets dans le dos, pour le cas sans doute où ils seraient faits prisonniers. Ils apprennent aussi à supporter le froid et la douleur. On conseille aux parents de ne pas trop vêtr les enfants en hivers pour les agguerir.
Avec l'adolescence, la formation militaire se durcit. Les pédagogues conseillent aux parents d'appliquer leurs enfants à la guerre" en les confiant aux mains du capitaine du chateau "sans leur bailler estat ni serviteur". Le guet est volontier confié à des jeunes enfants (14 ans). ils peuvent être engagés comme espions, lorsqu'ils sont surpris on se contente de les fouetter de verges et de les chasser alors que les adultes sont pendus.
L'apprentissage des armes : jeunes nobles : 3 piliers : l'équitation, la chasse et le maniement des armes. Le jeune aristo est très tôt initié à monter à cheval et doit savoir manier l'arc, lancer les éperviers et faucons pour la chasse mais aussi se servir de la longue épée, du javelot, de la hache et du bouclier pour les batailles futures.

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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyMer 23 Nov - 18:35

La chevalerie :


Mythologie/ morale :

L’ordre de la chevalerie, qui se considère investi d’une mission justifiant ses privilèges, est bien plus qu’une corporation : une caste composée d’hommes qui, jadis, dans un passé lointain et mythique, ont été « élus par les faibles » pour les protéger contre les exactions des méchants.

Par la suite de l’introduction du mal dans le monde, la force l’emporta sur le droit. Dès lors, l’égalité primitive, harmonieuse et voulue par dieu n’était plus possible. Les faibles, opprimés par les forts, établirent donc au-dessus d’eux des défenseurs pour les protéger.

On notera l’insistance sur l’égalité initiale de tous les hommes voulue par dieu mais que la méchanceté de certains a rendue néfaste. Les faibles, opprimés, incapables de se défendre, ont donc dû avoir recours à des champions du droit pour limiter les dégâts. L’inégalité qui en résulte est certes un mal par rapport au modèle initial originel mais un bien dans la situation présente dégradée par la faute des méchants. Ainsi se trouve justifié, au nom de la justice bafouée, que l’on doit rétablir, l’inégalité présente des hommes et les privilèges d’un groupe : celui des chevaliers.

Mais cette domination des chevaliers sur le peuple n’est pas arbitraire et surtout ne doit pas être despotique, égoïste. « Si le chevalier est le « sire » du peuple, il est le « serjant » (soldat) de Dieu, au service de Dieu.

Armement du chevalier :

Tout chevalier doit posséder au moins un destrier harnaché, puis aussi protégé par une couverture de fer puis par un chanfrein (armure de tête). Il coute cher. L’écuyer veille a en pourvoir son maitre s’il vient à le perdre au combat. Un chevalier privé de cheval est en grand péril d’être tué ou capturé.
L’écuyer entretient aussi l’armement complet qui distingue le chevalier des autres guerriers, moins bien protégés.

Au 10ème, le cheval était surtout utilisé comme moyen de transport. Le cavalier descendait alors souvent de cheval pour combattre à pied. Son armement offensif, d’ailleurs, se distingue peu de celui du piéton, à l’exclusion de l’arc, très tôt dédaigné par les cavaliers en occident.

L’épée : jusque vers 1100, l’arme majeure du chevalier est l’épée à deux tranchants utilisée de taille, au 12ème elle mesure près d’1 mètre et pèse 2kg. Au 13ème à cette épée qui s’allonge (épée d’arçon) s’adjoint une épée d’estoc, plus légère. Au 14ème apparaissent les épées à deux mains, plus lourdes et à la poignée plus longue. Les progrès de l’armure rendent peu à peu inefficace l’épée de taille. La hache et la masse d’arme la remplacent.

L’épée, signe d’appartenance à la classe aristo, est l’objet de soins méticuleux et de vénération. Au 11ème sa fabrication exige 150 à 200 heures de travail de forgeron. Fourreaux, poignées et pommeaux sont souvent des ouvrages d’orfèvres, ornés comme des bijoux de métaux précieux et de pierreries. Les pommeaux servent parfois de reliquaires. Certaines lames sont gravées d’inscriptions religieuses ou de devises. Le chevalier porte à son épée une affection aussi grande qu’à son cheval. Il lui donne un nom et ne s’en sépare jamais. Remettre son épée est signe de reddition.


Le javelot, la pique et la lance.

La lance devient dès la fin du 11ème l’arme caractéristique de la chevalerie. Jusqu’alors cavaliers et piétons l’utilisaient de deux manières, comme arme de jet (javelot) ou d’estoc (pique). Vers 1100, une nouvelle méthode de combat s’impose, et va donner à la chevalerie ses traits définitifs : le chevalier ne jette plus la lance et ne la manie plus à la main mais la tient serrée entre le flanc et l’avant-bras, en position horizontale fixe, tout au long d’une charge collective, en groupe serré de chevaliers (que l’on appelle « conrois »)

L’efficacité du coup ne dépend plus de la force du bras mais de la vitesse du cheval. La puissance de l’impact est si considérable qu’il n’est pas rare de voir la lance traverser le corps de l’adversaire. Soutenue à l’arrière par l’arrêt de la cuirasse, la lance s’allonge : 2.5 mètre vers 1100, 4 mètres vers 1450.
Dès le 12ème, la charge à la lance devient propre à la chevalerie.


Casques et haumes :

D’abord proche de celui des piétons, l’armement défensif se renforce et se diversifie. Le casque conique à « nasal » domine jusqu’au 12ème, puis on lui adjoint des plaques faciales, en métal ou en cuirs bouilli, qui couvrent la totalité de la tête. Au 13ème il évolue vers le heaume fermé, percé de fentes pour les yeux, puis au 14ème vers une sorte de casque à visière mobile, le bacinet.


Du haubert à l’armure :

A la côte de maille succède le haubert à maille fines pesant 12 à 15 kilos (12ème), bientôt renforcé aux endroits exposés (poitrine, épaules, coudes) par des plaques rigides. Puis c’est l’armure de plate qui couvre la cotte de mailles de plaques de plus en plus nombreuses (13ème) et enfin les armures rigides articulées (14ème) aboutissant au 15ème au grand harnois blanc, armure complète formée de parties rigides articulées, protégeant le guerrier de la tête aux pieds. Il peut peser 30kg. L’armure de joute, renforcée du côté gauche, apparaît au 14ème et peut atteindre 60kg. L’écu disparaît peu à peu.

Le coût d’un équipement de chevalier est considérable : vers 1100 il équivaut à 25 bœufs, le double au milieu du 13ème, 5 fois plus au 15ème. C’est pourquoi les chevaliers cherchent surtout à capturer leur adversaire et saisir son équipement et obtenir rançon.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyVen 29 Sep - 18:41

Sociétés Nordiques :

Lorsque quelqu’un reçoit des invités, il est fort important qu’il respecte la préséance et place ses hôtes à des endroits, dans la salle, qui conviennent à leur rang. Faute de faire convenablement, le maître de maison s’expose à de graves désagréments. D'autre part, le siège d’honneur, le haut-siège est un siège surélevé, assez vaste pour contenir plus d’une personne, située au milieu d’un des longs côtés de la salle, face à la fosse à feu. C’est «le » haut siège. Juste en face, le long de l’autre mur, se trouve « l’autre » haut-siège, réservé à celui des invités auquel on veut faire honneur en second lieu : Cette société apportait la plus grande attention à ce rituel social, y manquer était souvent la cause de conflits sanglants.

Coutume du Fostri : peut être d’origine celtique plutôt que scandinave. Il était assez rare, les textes le mentionnent comme bizarre, que l’on élève chez soi ses propres enfants, une fois passé leur plus jeune âge. On les donnait à élever à un parent, un ami, un allié ou à une personne que l’on entendait honorer de la sorte, outre qu’il sortait du clan familial étroit, l’enfant se liait d’amitié ou d’affection avec son père adoptif. C’était là un moyen efficace d’élargir l’aire d’influence du clan.


Dernière édition par Draugaran le Ven 23 Fév - 17:12, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyVen 23 Fév - 17:08

Les pauvres :

Vocabulaire : les minores, les médiocres, la merdaille, les gueux, les vacabuns, les caymans, quémandants, les moins que rien, les nichils, les inutiles du monde, les folastres, fous non violent. Ouvriers, brassiers. « les povres hommes qui mendient touz nuz », « qui aboyent à la faim », « les ignobles, les abjects, la merdaille, les impotents, les grabataires, les gisans es liz, à grand povreté et misère. »
Sancta paupertas : contraire de l’avaritia maudite. Le pauper, détaché des biens matériels et pareil au Sauveur, est dépouillé de tout bien personnel. Les prêtres, les missionnaires, les prédicateurs citaient comme modèles, les ermites, les saints, qui se condamnaient par humilité, à vivre au milieu ou à côté des riches dans le dénuement absolu. Ils faisaient aussi référence à des individus fortunés, des potentes, d’anciens pécheurs, que la charité conduisait un jour à se purifier par une « conversion », après avoir renoncé au profit des pauvres, à la possession des biens matériels de ce bas monde, les pèlerins à la recherche de la perfection morale et d’un moyen de salut.

Différente de la pauvreté voulue, une forme d’ascèse réservée à une élite réfléchie et volontaire, détachée, des biens d’ici-bas, célébrée par les courants franciscains comme le summun de la vertu apostolique, la pauvreté subie et offerte aux regards critiques est soit associée à l’obligation de travailler de ses mains pour vivre selon la règle bénédictine soit, au contraire, au refus de gagner honnêtement sa vie, au vagabondage, à la faiblesse faute de nourriture substantielle, à l’absence de protection, de logis, de chauffage, à la frustration, à l’insolvabilité. Des auteurs de traités politiques et économiques de la fin du MA dénoncent sans complaisance et au nom du juste milieu, autant de pauvreté subie que son contraire la cupidité et l’avarice. C’est, disent-il, un état nuisible à la grandeur et à la richesse d’un pays, un instrument d’asservissement et de tyrannie, finalement une source de pêchés. Ils reprennent même un vieux débat entre Franciscains sur les biens supposés avoir été détenus par le Christ et ses disciples, allant jusqu’à dire qu’ils avaient disposé d’un minimum vital indispensable pour vivre honnêtement.
Poussant le raisonnement à ses extrêmes, les mêmes dénonciateurs de la misère considèrent les pauvres volontaires, y compris parfois les frères mendiants, comme des inutiles, des êtres malfaisants, des truands en puissance. L’intérêt plutôt que la compassion les incites à vouloir contrôler les victimes involontaires des fléaux, leur présence en ville et leur circulation, les œuvres de charité et les secours temporaires, à permettre aux plus démunis de se relever, à renforcer l’efficacité de la justice.
Un subtil distinguo est nécessaire entre le petit écuyer ou le bourgeois et sa famille déclassés après une faillite, une maladie ou un drame personnel, le pauvre fiscal, l’exonéré d’impôt par manque de ressources, et état d’infériorité pécuniaire, mais qui peut conserver un logis, un emploi, un salaire et tous ceux qui sont qualifiés de foibles. On y met pêle-mêle le domestique ou la servante, sans salaire, obligé de vivre « à pot et à pain » chez un maître tyrannique, « les démunis de tout , sans feu ni lieu », les jetés à la rue condamnés à l’errance, les pauvres frappés d’incapacité publique (guet, fonctions municipale), dans l’impossibilité de se marier.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyVen 23 Fév - 17:09

Maladie et Malades :

Les malades atteints de maux répugnants ne trouvent guère de réconfort dans une société sans compassion. Les lépreux, frappés d’une maladie endémique, nommé mal de Saint-Lazare, éléphantiasis et autres noms, comblent d’horreur les contemporains, pourtant habitués à leur présence depuis le haut moyen âge. Ces victimes de la maladie se caractérisent par une évolution lente qui agit sur la peau et les nerfs. Elles souffrent, sous des formes tuberculoïdes ou lépromateuses, d’abord d’un froid intense, de l’apparition de tâches cutanées, d’ulcères, d’une atrophie des extrémités des membres et d’une destruction des os et des muscles puis d’une lente et inexorable paralysie. Selon le niveau de déchéance atteint et la forme que prend le mal décrit en langue vernaculaire , les individus présentables ne sont pas forcément interdits de déplacement à condition qu’ils annoncent leur présence par un bruit de crécelles, évitent de toucher les denrées exposées et de se mirer dans l’eau d’une fontaine ou de séjourner dans des lieux publiques, sur des places de marché ou dans les tavernes. Les statuts de la maladrerie de Bernay sont plus sévères puisqu’un article déclare que les malades de la lèpre ne devrons pas être vus « en lieu publique ou commun fors deux fois en la semaine et non pas au jour dimanche ».
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyVen 23 Fév - 17:10

Folie et fous :

Au nombre des indésirables, souvent moqués figurent les débiles mentaux, les fous surnommés par dérision babon (niais), déments, lunatiques, fols, folastres ou folaciès (les doux dingues), frénétiques (les violents), enragés. L’art assimile volontiers le malade au coq, ou à la poule et est représenté avec un bec, un plumage, une crête ou un nid avec des œufs de cane ! Tous les attributs du déséquilibré, familier de la rue, de l’hospice, ont une profonde signification. Leur tunique ample et grossière, faite de losange jaune safran et vert, deux couleurs sensées agir sur le système nerveux, soulignés de bordures en dent de scie, fait désordre. Les braies sont en lambeaux ; elles sont déchirées au cours des crises ou à la suite des coups reçus. Le capuchon rabattu dissimule mal une hure ravagée et poilue. Les cheveux du fou sont à demi rasés ou « haut tondus ou en croix » (sic) et il n’est pas rare qu’ils ne leur reste qu’une moitié de barbe ou de moustache. L’individu peut aussi se déplacer tout nu ou en sous-vêtements, ce qui donne un plus au spectacle et à la raillerie. Des oreilles d’âne émergeant d’un coqueluchon suggèrent la sottise, la crête de coq, voir un phallus, une virilité débordante, la lubricité. Le grelot, destiné à signaler un danger, écarte aussi les démons. Le fou brandit souvent un miroir, expression d’un narcissisme évident. La cornemuse et la flute, ses instruments favoris, ont des sons qui paraissent aux uns vulgaires, à d’autres sensuels. Le visage est lunaire, la langue tirée reflète la bêtise.

Les fols, compagnons naturels des filles folles (prostituées) ou de jeunes garçons sont proches du primitif, du sauvage dont ils ont le regard inquiétant ; ils rient sans raison ; on dit qu’ils mangent du safran ou qu’ils ont le rire safrané ; ils éternuent sans cesse et flatulent. La plupart brandissent un bâton ou marotte, terminé par une tête de bouffon en vessie de porc gonflée et remplie de pois secs évoquant la tête vide du fou, ou tiennent une massue qui fait office de sceptre. « Au plus fol la massue » rappelle un dicton. Ils engloutissent d’énormes quignons de pain, de la viande crue, des portions d’un fromage qui à la propriété de guérir la folie, des écuellées de pois, une nourriture roborative et indigeste que la charité publique veut bien leur donner…. Pour qu’ils se livrent à des incongruités intestinales. Le fou quémande et récupère dans sa besace, marmonne un vague remerciement ou injurie le chaland. Les prédicateurs ou les auteurs de farces relèvent des propos incohérents, des coassements importuns et pour mieux se moquer les comparent à des disputes scolastiques.

Les ouvrages de médecine classique n’en parlent guère ou se bornent à constater un état qui se dégrade et créé des humeurs mélancoliques ou colériques, de la dépression, de la folie chaude ou violente. Les praticiens ne cherchent pas à connaitre les raisons et les manifestations des troubles psychologiques. On devine maintenant, en s’appuyant sur la description d’attitude spécifiques, de beaux cas d’angoissés chroniques, de schizophrènes, de paranoïaques. Les seuls remèdes restent des bains froids, l’usage de certaines plantes (le souci) et on recommande d’éviter de consommer de la viande crue ou trop assaisonnée. Les bourgeois, les municipalités financent quelquefois un voyage dans un sanctuaire réputé.
Différent des simples mortels par sa tenue et sa nourriture, l’inconstant est coupé du monde par son mode de vie. Le dervé vit en marge de la communauté, couche à la belle étoile, dans la forêt ou dans une guérite des fortifications se conduit en bête, s’assimile au crapaud, ne tient pas en place, erre dans la rue, s’arrête sous les porches, devant les fenêtres et les portes des maisons pour supplier, chanter, sermonner, déraisonner ou se livrer à des excentricités qui en font des individus dangereux pour lui-même et pour autrui. On craint son agressivité, ses morsures et ses griffures, des coups de massues ou de couteau qui nécessitent la détention ou l’isolement dans une tour.

Le fol, l’insensé, laissé divaguer, si son état l’autorise, est, dans le cas contraire, enchainé dans une salle basse de tour réservée à ces malades ou dans un hôpital, parqués dans des cabanes situées dans une portion des fossés à sec ou banni s’il est étranger à la cité.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyVen 23 Fév - 17:11

Les artistes

Les « fars » (farceurs), jongleurs et tabarins aux marges de la société policée :

Les clercs nomment jongleur, avec un dédain pour des individus aux fonctions mal définies ou jugées inutiles, « quiconque à une activité ludique répétitive et variée destinée à amuser le public. »

Des artistes itinérants, des acrobates, des mines, des tabarins, des bateleurs, des ménestrels, représentant d’une culture de la rue, accompagnent leurs chants, leurs bons mots de contorsions du corps culbutes, de grimaces pour amuser la galerie. De simples saltimbanques, des auteurs de subtilités, des diseurs de bonne aventures, des musiciens itinérants se révèlent parfois être des compositeurs géniaux de poèmes ou de pièces de théâtre qu’ils récitent et miment sur la place publique.

Beaucoup de ces histrions, de ces perpétuels errants, frivoles sans foi ni loi sont réputés vivre dans le péché. On les dit amateurs de ripaille, avec de joyeux copains ou compagnons, des habitués de la taverne, du bordel, de la puterie. Ce sont souvent de pauvres hères tourmentés par la faim et la soif, parmi lesquels se glissent d’autres étranges personnage ; des ermites, des moines gyrovagues, des curés sans paroisses, des écuyers sans fortune.

Il serait vain de vouloir ramener ces marginaux, représentés parfois sous un aspect démoniaque, au rang de contestataires du pouvoir, de la morale, de la religion, d’en faire des modèles de philosophie anarchiste. Le but final est d’amuser le public en se moquant des travers d’un nanti, d’un juif ou d’un plus misérable que l’artiste lui-même. Des bourgeois aisés, un peu masochiste, sont prêt à payer pour entendre leurs quatre vérités ! Chacun apprécie le ton persifleur, l’irrespect, le suspense habilement entretenu dans le déroulement de l’histoire, la misogynie feinte, la critique des clercs vue à travers quelques peintures de prêtres ou de moines rapaces et libidineux.

Les autorités municipales et religieuses, les conciles, les prédicateurs n’apprécient guère ces rigolos, ces sangsues des rues, ces agents de la perversion. Ces instances dénoncent leur frivolités qui frisent la monstruosité, la paresse étalée sous les porches des églises, le trouble à l’ordre public et au bon déroulement des offices, la musique dissolvante, la passion pour les jeux de dés et de hasard, les attitudes osées. La pauvreté dérisoire. Les spectacles que montent ces suppôts de Satan, les chants qu’ils exécutent sont des provocations, des obscénités. Le pire est atteint avec l’usage de masques et de déguisement qui dissimule la vraie nature de l’homme, cachent le mal, rendent anonymes des paroles grivoises ou contestataires, des gestes obscènes et font assimiler ces artistes de la rue à des hérétiques. Leurs facéties, leurs bouffonneries accompagnent les concerts, les représentations théâtrales, jusque dans la cour du palais royal, sur le perron des hôtels princiers ou dans les cathédrales.
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MessageSujet: Re: Société (politique et civil)   Société (politique et civil) EmptyDim 21 Mai - 10:32

Enquête : La sexualité médiévale enfin déniaisée

Ref : Sexualités au Moyen Age de Jacques Rossiaud, éd. Jean-Paul Gisserot.

Alcôves. Le sexe au Moyen Age était-il si chaste ? Entre bordels, interdits religieux et rapport ambivalent au plaisir, exploration des us et coutumes.



Droit de cuissage, ceinture de chasteté et flagellation ; ou alors partouzes dans les donjons ? Niveau sexe, au Moyen Age, notre imagination est galopante et peuplée de préjugés. La ceinture de chasteté ? Une invention de la Renaissance. Le droit de cuissage ? Jamais prouvé. Pas facile de donner à voir concrètement ce à quoi pouvaient ressembler les parties de jambes en l'air de Godefroy et de Cunégonde, leurs positions ou leurs interdits. C'est pourtant le défi relevé par Jacques Rossiaud dans son ouvrage Sexualités au Moyen Age (1).

Pour étudier ces chaleurs d'un autre temps, le médiéviste, professeur émérite à l'université de Lyon-II et auteur d'ouvrages sur la prostitution au Moyen Age, a mobilisé les traités médicaux, mais aussi une foultitude d'écrits religieux, d'archives criminelles, d'actes impériaux abordant les problèmes de la conjugalité, recueils de lois et de coutumes, actes notariés, mais aussi des romans, des contes et des farces. Bref, toute une documentation qui «permet de connaître les façons fort diverses avec lesquelles les gens du Moyen Age pensaient et pratiquaient la charnalité».

Résultat ? «Les réalités médiévales des royaumes de la chair ont été moins uniformes, moins austères, moins réprimées que les historiens d'hier se complaisaient à le croire, clame Jacques Rossiaud. Même si, en mille ans, des invasions barbares à la Renaissance, «les perceptions de la chair et de ses faiblesses» ont eu le temps d'évoluer…

La position du «cheval érotique»
Le Moyen Age, millénaire du missionnaire ? Pour les cléricaux, la position de l'acte doit être celle la plus favorable à la reproduction. Et cela passe par effectivement la femme en dessous et l'homme dessus. «Les positions déviantes provoquent la colère de Dieu, outragent l'ordre naturel et peuvent donner lieu à des conceptions monstrueuses», relève Jacques Rossiaud. Mais après le XIIe siècle, les religieux sont moins regardants sur le kamasutra des chaumières, l'essentiel étant que la semence soit émise dans le bon orifice. A une exception près : la position du «cheval érotique» (la femme dessus) est toujours autant réprimée car considérée comme dangereuse par les médecins et répréhensible pour les théologiens. Pas sûr que ces recommandations soient suivies pour autant. Dans les fabliaux et les farces, bien souvent pornographiques, «les auteurs font hurler le corps en une multitude de postures : leurs héros taburent, mateculent, catènent, creponnent, prennent à la turquoise…», écrit l'historien. On «laboure à brachet», à «pisse chien», à «entrepons». Conclusion de l'historien : « Décrire une relation déviante, même si elle est condamnée, permet malgré tout d'en signaler l'usage.»

La génuflexion contraceptive
Décoctions de laitue, de saule, de peuplier… Insensé le nombre de plantes contraceptives et abortives de l'époque. Mais il y avait aussi d'autres techniques plus artisanales : accroupissements, génuflexions après la partie de jambes en l'air, éternuements, amulettes données par le curé ou carrément des injections d'eau glacée pour «refroidir la semence».

Ces pratiques existent plus chez les citadins que chez les ruraux, plutôt dans les classes moyennes que dans la haute. Et quand ces méthodes, ô combien rassurantes et fiables, échouent, l'avortement existe. «Quand les drogues faisant "revenir les fleurs" se montraient sans effet, relève Jacques Rossiaud. Il fallait en venir aux techniques les plus efficaces : étouffement du fœtus dans le ventre de la mère par compression des vêtements, coups…»

Le calendrier des rapports
Impossible de forniquer tranquille ! Les recommandations sont très claires : mieux vaut ne pas excéder deux rapports hebdomadaires. Pas la peine de râler, de toute façon, c'est mauvais pour la santé : l'orgasme équivaut à deux saignées et «l'abus de coït abrège la vie, dessèche le corps, réduit le cerveau, détruit les yeux…», prêche-t-on à l'époque. Avant 1200, les «temps interdits et déconseillés» sont nombreux, pouvant atteindre jusqu'à 250 jours de ceinture.Heureusement, à partir du XIIIe siècle, canonistes et théologiens sont plus relax. Pas de sexe à Noël, à Pâques, à la Pentecôte et à l'Assomption. A noter toutefois que si les époux doivent rester chastes, les bordels municipaux, eux, sont ouverts. Et quel est le moment le plus recommandé pour faire l'amour pendant la journée ? Selon Platine, humaniste et bibliothécaire du pape au milieu du XVe siècle, «on doit éviter l'acte quand on est plein de vin ou d'autres viandes». Mais aussi «quand on a l'estomac vide et quand on a très faim car une personne trop maigre et sèche deviendra étique et perdra sa chaleur naturelle». Mais Platine, quand alors ? «La bonne heure pour le faire est quand la nourriture est presque digérée, quand on n'a pas envie de dormir ou de faire autre chose…»

Que de bordels !
«Jouir en payant, c'est jouir sans péché», pense-t-on encore au XVIe siècle. Au Moyen Age, la prostitution est bien tolérée dans la société. «Dans la cité du second Moyen Age, autour de l'île des relations légitimes, conjugales et sacralisées, s'est constamment étendu un océan de fornication tarifée», constate Jacques Rossiaud. On pense que c'est un moindre mal : il vaut mieux que les hommes se satisfassent avec une prostituée plutôt que de corrompre leur femme, de risquer de prendre les filles des autres ou, pis, de se satisfaire eux-mêmes.

Les prostituées officient dans des bordels, des maisons de tolérance, des bains et même des établissements publics. Ces endroits d'immunité conjugale sont aussi des lieux d'éducation sexuelle pour les jeunes garçons qui viennent apprendre «à chevaucher» pour se préparer à une saine conjugalité. Et l'Eglise dans tout ça ? Pas de quoi s'inquiéter de sentences divines puisque «les ecclésiastiques eux-mêmes ne sont pas les derniers à fréquenter le lieu. Ils forment, à Dijon au XVe siècle, 20 % de la clientèle des étuves et des bordelages privés».


La sodomie de tous les péchés
«A partir du XIe siècle, remarque Jacques Rossiaud, un seul mot en vient à désigner le très vaste ensemble des actes sexuels dénués de finalité procréatrice.» Ce mot, c'est sodomie. La fellation ? Sodomie. La masturbation ? Sodomie aussi. Ces pratiques, considérées comme des péchés, sont condamnées de manière variable. La masturbation n'est pas sanctionnée de la même façon lorsqu'elle est pratiquée seule ou avec un compère, manuellement ou avec un instrument. Si celle des femmes est tolérée, s'amuser tout seul pour les hommes peut être «pire que manger de la viande le vendredi». Et la vraie sodomie alors ? L'homosexualité n'inquiète pas plus que ça au début du Moyen Age : les clercs étant plus occupés à traquer la polygamie ou l'inceste. Mais au tournant du XIIe siècle, elle va être considérée comme la pire des abominations. Selon saint Thomas d'Aquin, c'est une perversion proche du cannibalisme. Rien que ça. «Les amours homosexuelles sont progressivement rejetées dans l'ombre mais partout discernables», constate Jacques Rossiaud. Bon nombre de croyances circulent alors : l'homosexualité serait contagieuse, elle aurait même été responsable de la défaite des croisés en Terre sainte.

Le plaisir de l’état angélique
Le mariage est le seul îlot de sexe vraiment autorisé. Sans surprise, les théologiens ne recommandent pas la volupté lors de l'acte sexuel. Au début du Moyen Age, la chasteté est la «vertu première» qui fait retrouver «l'état angélique». On enseigne alors le dégoût des «passions charnelles», qui «troublent les choses dans le genre humain». La recherche de plaisir est un «péché mortel», et il faut donc éviter de provoquer le désir en se bornant «à des relations nocturnes» en esquivant la nudité, et on en passe. Heureusement pour ces pauvres bougres, il semble y avoir eu une grande distance «entre ce que les moralistes enjoignent de faire et ce que les gens font».

Si les hommes ont sans doute malgré tout joui d'une assez grande liberté, le Moyen Age n'est pas la période la plus réjouissante pour le plaisir des femmes. «Satisfaire son désir c'est, pour un homme, prendre, chevaucher, roissier (frapper)», relève Jacques Rossiaud. Et l'amour courtois ? «En Germanie ou à Venise, les comportements amoureux ordinaires du Moyen Age font couramment s'entremêler courtoisie, douceur et brusquerie.» Une petite éclaircie toutefois pour ces dames : chez certains médecins, barbiers et matrones, on prodiguait les préceptes de Gallien, médecin grec de l'Antiquité, qui croyait qu'«une double jouissance est nécessaire à la fécondation».
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